Ronny Rodelin, l’attaquant du LOSC, est le prototype de joueur qui se perd : bien éduqué, respectueux et surtout talentueux. Coup de projecteur sur l’un des hommes forts de la superbe saison lilloise (20 matchs, 3 buts) et qui ne devrait pas s’arrêter là…
C Mon Foot : Bonjour Ronny, raconte-nous ton parcours. Comment passe-t-on de l’île de la Réunion à l’Aveyron ?
Ronny Rodelin : A la base, je ne suis pas venu spécialement pour le foot mais plutôt parce-que ma mère a été mutée en France. Elle est d’abord venue à Perpignan, cette année-là je suis resté à la Réunion avec mon père où je jouais sous ses ordres, dans un club qui s’appelle la Gauloise. J’ai ensuite rejoint ma mère à Millau où elle a trouvé du travail. J’avais 10 ans et j’ai signé ma première licence en métropole au SOM (ndlr : Stade Olympique Millavois) où je reste 3 ans.
Tu restes en Aveyron jusqu’à tes 18 ans…
Oui, j’ai ensuite évolué à Onet-le-Château et Rodez, notamment en U18 Nationaux. Cette année-là, j’alterne entre ma première année en U18 et les entraînements avec le groupe National de Franck Rizzetto.
Un sacré fossé, non ?
Oui mais j’ai été très bien accueilli et cette expérience m’a également beaucoup aidé notamment lorsque je redescendais jouer en U18 où je devais montrer l’exemple et aider les copains. J’essayais de transmettre ce que j’apprenais avec les Séniors.
« Je dois progresser dans la concentration et la lucidité devant le but »
Tu effectues une vingtaine de matchs en National puis tout s’enchaîne très vite, Nantes te contacte…
J’ai été repéré lorsque nous jouions en région parisienne avec Rodez (ndlr : Villemomble, Paris FC, Créteil, Sannois St Gratien à l’époque). Ils ont ensuite traité avec mon agent et cela s’est concrétisé.
Tu venais tout juste de fêter tes 18 ans et te voilà à Nantes…
Je venais juste d’avoir mon permis de conduire je me souviens. Je signe un contrat élite de 4 ans avec Nantes, 1 an stagiaire et 3 ans professionnel. On partait sur une pré-formation qui devait durer un an mais qui en fait a duré 3 mois. De Rodez à Nantes, ça m’a fait un choc. Dès la première semaine, la préparation avec la CFA m’avait « tuée ». Je passais de 2 entraînements par semaine à un entraînement par jour. Mon corps a dû s’adapter.
Tu débutes en Ligue 1 sous les ordres d’Elie Baup alors que tu n’es que stagiaire…
Oui, contre Paris en plus (ndlr : le 7 février 2009) ! Je me souviens que Mickaël Landreau me sort une frappe. Ce sont de super souvenirs, vraiment !
Ta période nantaise sera marquée par pas mal de blessures…
C’était vraiment frustrant. Tu te blesses, tu reviens, tu rechutes… Mais, petit-à-petit, mon corps a appris le monde professionnel, je me suis étoffé aussi. C’est à Lille que j’ai vraiment appris à connaître mon corps, avec un vrai suivi. Depuis ce moment-là, j’ai eu très peu de blessures. j’ai dû m’arrêter maximum une semaine par an. Jouer tous les 3 jours ne me pose pas problème maintenant.
« Logiquement, je suis une pointe »
On t’a vu évoluer à beaucoup de postes offensifs. Quel est selon toi ton meilleur rôle ?
Logiquement, je suis une pointe mais en professionnel, j’ai joué à tous les postes offensifs : à gauche, à droite, en numéro 10 et en pointe donc. Seul en pointe en Ligue 1, c’est compliqué. Quand je vois les charges que reçoit Salomon (Kalou)… Après il faut d’adapter et parfois être dur, mais jouer sur un côté ou en 10 me permet de bouger sur tout le front de l’attaque. Cela fait quelques années que je joue comme ça.
Sur quel aspect de ton jeu penses-tu pouvoir progresser pour franchir un nouveau palier ?
J’aimerais marquer davantage (ndlr : 5 buts sous les couleurs lilloises). J’ai quand même déjà franchi une étape depuis que je suis ici, je découvre encore la Ligue 1 et je dois progresser dans la concentration et la lucidité devant le but. Maintenant, jouer en 10 demande beaucoup de courses offensivement et défensivement. Je dois aider les 3 autres milieux de terrain à fermer les espaces pour leur faciliter le travail. Eviter le 4 contre 3 au milieu. Du coup, même si ça me pompe pas mal d’énergie, c’est un poste qui me correspond bien. 10 ou 9 et demi.
Quel conseil donnerais-tu aux nombreux jeunes qui souhaitent suivre ta trace ?
Sur mon chemin, j’ai croisé beaucoup de joueurs meilleurs que moi, mais, la différence entre eux et moi, est que j’aime vraiment le foot. A l’entraînement, j’étais toujours dans l’optique de vouloir travailler alors que d’autres étaient peut-être moins sérieux.