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Les confessions de Belhanda

Belhanda-sports.frYounès Belhanda, l’ancien meneur de jeu de Montpellier aujourd’hui au Dynamo Kiev, revient sur son transfert, son adaptation en Ukraine, la panenka, les charges de travail et les histoires en sélection marocaine. Entre autres. Franchise garantie !

C Mon Foot : Bonjour Younès, tu viens de voir partir Benoît Trémoulinas (qui rejoint Saint-Etienne), tu ne pars pas toi aussi rassure-moi !
Younès Belhanda : Non, non, je ne suis pas du tout dans l’optique de partir !

Son transfert t’a surpris ?
Il aspire à la Coupe du Monde, il devait jouer. Derrière Evra et Clichy, il y a peut-être une place. Il a très peu joué ici et on joue dans un système à 4 à plat pas vraiment adapté à son jeu. Le coach aligne des défenseurs dans l’âme alors que Benoît est davantage un contre-attaquant.

Tu as déjà vécu ce genre de situation de fin de mercato où tu as les valises prêtes. Combien de fois par jour appelles-tu ton agent ?
C’est compliqué ! J’ai vécu ça les deux dernières années ! Tu pars en vacances mais tu n’es pas tranquille. Tu appelles ton agent 2-3 fois par jours, tu ne sais pas où tu vas atterrir, tu ne choisis même plus ta destination. C’est le destin !

Justement, on est en plein dans l’actu mercato. Comment s’est passé ton transfert au dernier mercato d’été ?
Je voulais absolument quitter Montpellier pour connaître une nouvelle aventure. Mais la vérité c’est que je n’avais aucun contact. Rien du tout. L’année du titre non plus. En fait, l’été dernier, j’ai Al Jazira aux Emirats Arabes Unis et le Dynamo Kiev qui arrive à la fin (ndlr : il signe le 1er juillet 2013 à Kiev).

Tu serais vraiment parti aux Emirats ?
J’étais à deux doigts de signer à Al Jazira, j’étais parti négocier mon contrat là-bas et tout.

Comment tu expliques que tu aies eu si peu de contacts ? Montpellier demandait trop d’argent ?
Pas du tout ! Je suis parti pour 8,5 millions ! Montpellier me laissait même partir pour 6 millions car j’avais un trop gros salaire et comme ils avaient pris connaissance de l’instauration de la taxe à 75%, ils voulaient que Bedimo et moi partions. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi les clubs français et étrangers ne se sont pas manifestés. Quand tu vois que certains prennent des joueurs qui mettent pas un pied devant l’autre…

Un peu plus de patience peut-être ?
Même pas. L’année du titre, j’ai attendu, attendu mais rien n’est venu. Juste des touches avec Fenerbahce et l’Inter qui avait un projet de construire avec des jeunes sur 2 ans.

Tu demandais trop en salaire ?
Non, il n’y a pas eu une seule offre !

Heureusement que tu n’es pas allé à Al Jazira…
Heureusement ! Tu n’es pas heureux. L’argent, c’est bien mais quand tu aimes le football, tu n’es pas heureux !

Raconte-nous tes débuts à Kiev. On n’a malheureusement pas beaucoup d’images de vous en France…
J’avoue que c’était dur au début mais heureusement on a un traducteur français, un chauffeur à notre disposition. J’ai essayé d’apprendre le Russe mais la prof ne parlait qu’anglais/russe donc on a dû laisser tomber. Les affinités se font plus naturellement avec les francophones du groupe (Mbokani, Ideye, Haruna), Lens parle un peu français aussi, il y a le Portugais Veloso aussi…

Vous vivez quasiment tous au centre-ville, non ?
Oui et Kiev est vraiment une belle ville. Je m’y plais.

Pas trop en ce moment avec les émeutes, si ?
Oui, le peuple se soulève à cause d’une décision du président au sujet de l’Union Européenne, ça parle de détournement d’argent, de contrats de gaz signés avec la Russie non redistribués aux entreprises du pays. Le gouvernement est en train de démissionner. C’est chaud !

Tu n’es pas touché de près par la situation, si ?
Non, cela se passe dans la plus grande rue de la ville ( ndlr: place de l’Indépendance), tous les magasins sont fermés par contre. Mais si tu ne vas pas là-bas, il n’y a pas de risque.

Sur le terrain, comment ça se passe ?
On a une bonne équipe même si au début ça ne tournait pas très bien.  On a dû apprendre à se connaître, le président aussi nous a réunis et cela s’est amélioré. On est deuxième derrière le Shakhtar et je joue en 10 dans exactement le même système qu’à Montpellier, je me régale !

Cela doit te manquer de ne pas être médiatisé en France…
Oui, ça manque ! Le Canal Football Club ou même L’Equipe du Dimanche. Bein Sport était venu faire un reportage à Kiev quand même. Il va falloir faire un coup en Europa League contre Valence pour faire parler de nous en France !

Revenons sur ta période montpelliéraine. Champion avec ton club formateur, tu penses que tu arriveras à revivre ce genre de sensations un jour ?
C’était de la folie ! Avec un autre club, ce ne sera pas pareil, c’est sûr. Le coach déjà, René Girard, il nous protège comme personne ! Il prend tout pour lui et apporte sa grinta. C’est mieux que les coachs qui restent sur le banc sans rien faire. Ensuite, il a créé un collectif, pour la plupart d’entre nous, nous jouions ensemble depuis 4 ans au centre, avec notamment la victoire en Gambardella. Puis, il a ajouté de l’expérience. Le feeling passait bien entre nous, on enchaînait les victoires et les 1-0 !

Avec un gros travail défensif avant tout, non ?
Déjà, le coach à l’époque était milieu défensif et il a compris que pour réussir en Ligue 1, il fallait aussi bien défendre. Je me rappelle, il m’avait lancé comme ailier droit (saison 2009-2010) parce-qu’à la base j’étais milieu défensif et il voulait un joueur qui défende dans le couloir.

Et le match que vous faites au Parc des Princes (1-1) où vous vous révélez à la France entière…
Un gros match, on aurait mérité de gagner je pense.

Nasser veut te faire signer sur le champ après ce match !
Oui juste après ! Il avait envoyé Makélélé discuter avec moi mais finalement ça ne s’est pas fait.

Loulou Nicollin demandait 40 millions à l’époque !
Il était gourmand, oui, il en voulait trop !

As-tu retenté/réussi une autre panenka depuis ton départ?
Non, je ne tire pas les pénalties ici. C’est Yarmolenko numéro 1, Gusev en 2 et ensuite moi.

Tu en retenteras une si tu en as l’occasion ?
C’est sûr !

Tu penses quoi au moment de t’élancer ? Tu ne te dis pas : « il vaut mieux assurer un bon vieil intérieur de pied » ?
Non, non, dans ma tête, je suis sûr de marquer ! La fois où je l’ai ratée, c’était contre Ochoa et il s’y attendait car je lui avais fait le coup l’année d’avant !

Récapitulons tes « victimes »…
Ma première c’était à Carrasso contre Bordeaux, ensuite Sczeczny (Arsenal), Ochoa (Ajaccio) et Ndy Assembé (Cameroun).

Et donc Ochoa, la seconde fois, il te montre où tirer… 
Il me dit, tire à droite, je lui fais signe « oui, oui » de la tête. Je rentre dans son jeu, je ne me souvenais plus lui avoir déjà fait le coup de la panenka. Il a été plus malin !

Parle-nous de ce match à Ajaccio l’an passé, truqué ou pas ? Vous perdez 2-1 après avoir mené 1-0 et joué à 11 contre 10, puis pris un rouge et encaissé 2 buts en fin de match...
J’ai entendu dire que certains sites de paris l’avaient retiré et tout, mais rien du tout ! Tu crois qu’ils m’ont donné de l’argent pour perdre ? C’est n’importe quoi ! Ils m’auraient donné un yacht, encore (rires) !

En ce moment, le sujet qui agite la France du foot est que les joueurs français ne travaillent pas assez à l’entraînement. Toi qui joues à l’étranger, qu’en penses-tu ?
Je ne sais pas si le problème vient qu’on ne travaille pas assez en France ou que l’on rechigne trop. Je le vois ici, on se plaint tout le temps mais le coach (Blokhine) s’en fout. Alors qu’en France, on peut plus négocier. Les joueurs ukrainiens ne se plaignent jamais !

Vous travaillez clairement plus qu’en France…
C’est un truc de fou ! On ne fait que courir ! Mais c’est un problème aussi parce-que techniquement on est moins bien.

Tu te sens plus en forme du coup ?
Physiquement, on est morts. C’est trop je trouve.  On arrive le jour du match, on est explosés ! En fait, il n’y a pas, comme en France, un jour où on calme vraiment, on fait des toros, des tennis-ballon. C’est à fond tout le temps ! Mais je ne me suis pas blessé, c’est le principal.

Un mot sur la sélection marocaine, tu comptes 24 sélections mais on entend surtout parler de problèmes relationnels…
La presse crée des histoires, les membres de la fédération se mangent entre eux, chacun veut le pouvoir, on n’a plus d’entraîneur ni de président à l’heure qu’il est ! On doit se réunir au mois de mars prochain mais je n’en sais pas plus. Elie Baup, qui a été contacté, a refusé, il a dit qu’il y avait plus de pression au Maroc qu’à Marseille ! Gerets, il en pouvait plus ! On galère alors qu’on organise la CAN en janvier 2015 et il doit y avoir 4-5 dates FIFA avant, pas plus.

Il faudrait que tu connaisses une Coupe du Monde, celle de 2018 en Russie voire 2022 au Qatar, non ?
Pour le Qatar, je serai trop vieux je crois ! On verra…

Quel conseil donnerais-tu à Rémy Cabella, qui est dans la même situation que toi il y a 1 an ?
De ne pas partir en janvier déjà. Qu’il attende l’été. Je ne pense pas qu’il aille à Newcastle. Il peut viser autre chose. Mais lui je pense qu’il aura plus d’offres que moi à l’époque parce-qu’il passe bien, il a une bonne tête !

Tu te vois jouer dans quel pays après l’Ukraine ?
L’Espagne ! J’aimerais beaucoup, il me faut du soleil, du jeu et des belles pelouses !

2 réponses à “Les confessions de Belhanda

  1. Merci pour cet article touchant, ça fait plaisir de voir que lorsqu’un joueur est en confiance, il parle librement et inteligement !

  2. Pingback: ASSE : les vraies raisons pour lesquelles Trémoulinas a quitté Kiev

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