C Mon Foot est parti à la rencontre d’une des révélations de notre championnat et l’une de nos plus belles promesses : le jeune attaquant rémois Grejohn Kyei (20 ans). Déjà international Espoirs, il devrait aider le Stade de Reims à se maintenir et plus si affinités… Enfin, si ses coéquipiers le veulent bien ! Il sera question ici de tacle à l’entraînement, de buts entre potes, de longue suspension, d’endurance, de jeu de tête, de Gambardella, des Bleuets, de GTA et de son surnom.
C Mon Foot : Vous avez subi une blessure assez sérieuse (ndlr: rupture des ligaments de la cheville droite) à l’entraînement qui vous coupe un peu dans votre élan…
Grejohn Kyei : Oui, il y a 3 semaines donc pour le moment je suis plâtré et je vais bientôt entamer ma rééducation pour être fin prêt début février.
C’est le solide milieu défensif géorgien, Jaba Kankava, qui vous a involontairement blessé…
Lors d’un petit jeu, il voulait m’empêcher de marquer mais, pris dans son élan, il m’a taclé par derrière… Je ne lui en veux pas.
Etes-vous parvenu à marquer au final ?
(Rires) Non ! Mais bon ce sont des choses qui arrivent…
Est-ce votre première grosse blessure ?
Non, à 15 ans je me suis fait opérer du ménisque et ensuite m’étais blessé à une cheville déjà.
« Je suis passeur sur le premier but de Jordy (Siebatcheu) en L1! »
Vous rejoignez le Stade de Reims à l’âge de 15 ans…
J’avais fait des tests non concluants auparavant à Toulouse, Lens, Le Havre, Bordeaux et Paris… C’est lors d’une détection à Meaux (77) que Reims m’a repéré. Je suis vraiment bien ici, je ne suis pas loin de la région parisienne où vis ma famille, ma mère vient de temps en temps et maintenant il y a mon petit frère (15 ans) ici au centre de formation aussi !
Vous signez votre contrat professionnel après cette épopée en coupe Gambardella (2014) où vous atteignez la finale face à Auxerre (défaite 2-0)…
C’est un super souvenir. En fait, on voulait se concentrer sur un objectif : soit atteindre les finales du championnat U19 soit aller au bout en Gambardella et ça s’est décidé avec le temps. Et le match qui a tranché est le match retour contre Evian en février : si on gagne, on se relance pour les playoffs de fin de saison, si on perd on n’est plus dans la course. On perd 3-1 à la mi-temps, j’ai marqué mais j’en ai raté quelques-unes aussi. On revient à 3-2 et on a des occasions pour égaliser mais on perd 4-2 au final. Du coup, on s’est concentrés sur les 1/4 de finale de la Gambardella.
Vous jouiez en réserve à ce moment-là ou vous avez fait toute la campagne avec les U19 ?
Non, j’ai joué tous les matches de Gambardella, du premier tour à la finale. Je crois avoir marqué 6 buts en tout. Ensuite, la finale est un petit regret, on a été impressionnés par le stade de France… Moi, j’ai l’occasion d’ouvrir le score et je perds mon duel avec le gardien… Cela restera une superbe expérience, on jouait en pointe avec Jordy (Siebatcheu), Ali N’Dom était là même s’il n’a pas joué la finale… Et bien d’autres !
Justement vous avez explosé en équipe première en même temps que Jordan Siebatcheu, votre ami mais aussi concurrent au poste d’avant-centre sachant que les pros jouent souvent avec une seule pointe…
Oui on se connait depuis qu’on a 17 ans et on s’entend super bien : U17, U19, CFA2 ensemble. On joue ensemble en pros pour la première fois à Bordeaux (1ère journée, victoire 2-1) et il marque sur une de mes passes ! Son premier but en Ligue 1, le but de la victoire !
Donc il n’y aura jamais de concurrence entre vous 2 ?
On sera sûrement en compétition mais il n’y aura jamais de coups bas. Celui qui le mérite le plus jouera s’il n’y a qu’une seule place.
« Sept mois et deux semaines sans compétition, c’est long ! »
Vous avez déjà vécu une période compliqué avec cette suspension de plus de 7 mois pour avoir bousculé un arbitre avec la CFA 2 (dernier match de la saison 2013/2014)… Que s’est-il passé en réalité ?
Une erreur, une grosse erreur ! C’était un match de championnat face à Sedan où nous jouions notre maintien. Je pense qu’il y avait faute pour nous, déjà, sur Clément Gonel mais l’arbitre donne faute pour eux. Le défenseur joue vite le coup-franc mais le ballon n’est pas arrêté, il envoie un long ballon dans notre surface, un de nos défenseurs essaie de stopper la balle avec la main (sic) mais leur attaquant marque. Moi, je cours vers l’arbitre et le touche un peu. Il me met un carton rouge. Dans son rapport, il dit que je l’ai bousculé puis insulté, ce qui est faux. En tout cas pas moi ! La commission de discipline m’a suspendu 6 mois, nous avons fait appel, ils m’ont rajouté un mois. Nous avons ensuite contesté la décision devant le CNOSF et ils m’ont encore ajouté 2 semaines… Donc pendant 7 mois et 2 semaines je suis resté sans jouer, ça me servira de leçon ! J’ai fait du rab avec les préparateurs physiques du coup pour améliorer notamment ma capacité aérobie (endurance). Je débute avec les pros contre Rennes en janvier 2015.
Quelles sont vos premières impressions sur la Ligue 1 (14 matches depuis la saison dernière, 3 buts jusqu’à maintenant) ?
Bien, c’est ce à quoi je m’attendais je dirais. Je pensais avoir besoin de plus de temps pour m’adapter au niveau mais le fait de m’entraîner avec le groupe professionnel pendant un an avant de démarrer en Ligue 1 m’a beaucoup servi. J’ai réussi à faire de bonnes prestations et de mauvaises aussi (sic) ! Il faut que je travaille sur ça pour m’améliorer.
Quels sont les aspects sur lesquels vous pouvez progresser ?
Ma capacité d’endurance, pour l’instant je n’ai pas réussi à jouer des matches en entier mais je sentais que je progressais, et mon jeu de tête ! J’ai eu des occasions mais à chaque fois je la frappais mal. Il faut que je m’applique davantage.
Sur notre site, on a pronostiqué, en début de saison, que vous marqueriez au moins 10 buts cette saison (ndlr: il en est à 2 pour le moment)… Avec cette blessure, nous sommes un peu inquiets du coup…
(Rires) Si je ne rate pas mes occazes, c’est jouable. Depuis que j’ai démarré, j’ai toujours au moins une occasion par match. J’espère parvenir à ce total cette saison !
Vous avez également découvert le groupe Espoirs en septembre dernier où vous marquez lors de votre première apparition en Islande (défaite 3-2 cependant)… C’est aussi un autre palier franchi…
Oui, j’ai été impressionné par le niveau technique de cette équipe: certains joueurs sont plus en avance que moi, d’autres au même niveau. Mais le fait de marquer assez vite, sur mon troisième ballon je crois, m’a aidé à m’intégrer.
Aviez-vous évolué en équipe de France de jeunes auparavant ?
Non du tout mais je connaissais certains coéquipiers. J’ai grandi à Villiers-le-Bel avec Mike Maignan (gardien de Lille), après on s’affrontait régulièrement avec Clément Lenglet ou Rémi Walter (Nancy).
« Mike Maignan ? Je sais où il plonge sur les pénalties ! »
Mike Maignan qui s’est fait une petite spécialité de stopper les pénaltys (3 sur 3 cette saison dont notamment un sauvé face à Reims). Vous savez comment le battre ?
(Rires) Je sais où il plonge ! Je l’avais battu en Gambardella lors de la séance de tirs-au-but !
Vous possédez également la nationalité ghanéenne…
Mes parents sont ghanéens mais je suis né en France. Au Ghana j’y suis allé 4 fois lorsque j’étais enfant.
Et donc un éventuel choix de sélections à faire…
Pour l’instant, je donne ma priorité à la France et à cette campagne avec les Espoirs. Le Ghana ne m’a pas contacté donc la question ne se pose pas.
Parlez-vous anglais ?
Je le comprends mais ne le parle pas très bien. Il y aussi la langue du pays, j’ai quelques bases.
Parler anglais peut aider pour éventuellement joueur Premier League. Cela pourrait être la prochaine étape dans quelques années vu votre profil de joueur…
Oui on me dit souvent que j’ai un profil pour la Premier League ou la Bundesliga. Je pense aussi que le jeu anglais me conviendrait bien à l’avenir. A moi de réaliser de bonnes saisons avec le Stade de Reims… Je me suis engagé pour 4 saisons en 2014 et le club m’a prolongé d’une saison cet été donc je suis lié au club jusqu’en 2019. J’ai vraiment le temps de bien travailler et progresser, c’est l’idéal.
Regardez-vous du foot en dehors de votre métier ?
Cela dépend, je suis pas mal Manchester United et ensuite les gros matches: le Clasico espagnol, les matches de Ligue des Champions… Je suis pas mal GTA en ce moment !
D’où vient votre surnom « Dino » ?
(Rires) Ce sont mes amis du quartier qui m’ont donné ce surnom. Je ne peux pas dire pourquoi ils me surnomment ainsi… Les gens ici me surnomment ainsi aussi mais je ne suis pas sûr qu’ils sachent pourquoi !